Vampire Waltz
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Vampire Waltz

France, XVème siècle. L’ordre de la Flamme Eternelle mène une guerre feutrée contre les vampires. La victoire appartiendra à ceux qui survivront à la Nuit...
 
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 L'endroit le plus sombre se trouve sous la bougie [Pv : Eyrah Du Val]

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Eyrah Du Val

Eyrah Du Val

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MessageSujet: Re: L'endroit le plus sombre se trouve sous la bougie [Pv : Eyrah Du Val]   L'endroit le plus sombre se trouve sous la bougie [Pv : Eyrah Du Val] - Page 2 I_icon_minitimeDim 1 Avr - 20:24

Ses pas étaient assourdis par l’épais tapis qui recouvrait le plancher de bois, mais je savais qu’il se dirigeait dans ma direction. J’esquissais un mouvement pour m’éloigner, mais malgré son état embrumé par l’alcool, il fut plus rapide que moi et m’attrapa le poignet d’une main ferme, me forçant à lui faire face.

« Il l’aime ? »

Je n’osai pas le regarder. Que pouvais-je répondre? Je sentais la colère qui grondait dans sa voix, mais en même temps, une certaine tristesse.

« Vous voulez me faire croire qu’il aime un monstre ? »

Était-ce si difficile pour les hommes de son genre de voir au-delà de l’enveloppe charnelle donnée à la naissance? Ma mère qui avait probablement reçu la même éducation que lui, avait appris à aimer celui qu’elle devait chasser. Elle avait vu la compassion dans ses gestes envers les mourants, de la douceur dans ses paroles à son égard et le bonheur dans ses yeux lorsqu’elle l’avait choisi. Elle me l’avait si souvent raconté, la voix et le cœur vibrant d’amour pour son époux. Ce n’était donc pas impossible, cela c’était déjà produit auparavant…

Sa poigne se renforcit et il m’attira contre lui. L’odeur de l’alcool m’emplissait le nez, mais je pouvais toujours percevoir son propre parfum. Je sentis mon chignon se défaire un peu plus, alors mes mèches s’échappaient, venant recouvrir une partie de mon visage.

« Un monstre, comme vous Dame Eyrah, qui doit blesser les gens pour se nourrir. »

Je sentis mon visage se crisper sous la douleur sourde qui envahissait mon poignet alors que sa poigne se resserrait une fois de plus. Je tentais de me dégager, mais en vain, alors que je sentais mes jambes devenir de plus en plus faible sous mon poids.

Je sentis une larme brûlante dévaler ma joue heureusement camouflé par mes cheveux rouges comme les braises qui avait brûlé dans l’âtre la veille. Je n’avais jamais accepté cette part de moi qui me forçait à faire du mal à Augustine, même si elle prétendait le contraire, tout en souriant pour me rassurer.

« Vous ne vous sentez pas mal à l’idée de faire souffrir encore et encore des humains que vous aimez ? Car vous êtes immortelle jeune fille ! Vous avez fait souffrir tellement de personne sans que vous vous en rendiez compte que c’est navrant. »

J’avais envie de lui hurler ma culpabilité qui ne cessait de me hanter jour et nuit depuis que j’étais assez âgée pour me rendre compte de ce que notre mode de vie impliquait. En ma mémoire revint quelques souvenirs de gens pleurant leurs disparus, mais malgré leurs visages inondés de larmes, certains nous remerciaient d’avoir abrégé les souffrances de ceux qu’ils aimaient, alors que même l’église semblait les avoir abandonnés. Ce n’était pas pour rien qu’on avait reçu l’appellation d’anges de la mort.

Il souleva mon menton et je conservais fixement mon regard sur la tapisserie. Je pouvais sentir son souffle sur ma joue, alors qu’il avait rapproché son visage du mien.

« Votre Famille à tuer tellement d’innocent et vous n’êtes même pas au courant. Le père de Louise, votre propre servante… Car que vous le vouliez ou non, vous l’avez-vous-même tué ! Vous ne vous en voulez pas ? Comment faites-vous pour rester dans cet état ? »

Je me forçais à le regarder cette fois-ci, alors que je sentais le coin de mes yeux brûlés sous les larmes naissantes. Mes lèvres tremblaient et je serrai les dents pour retenir ma colère. Il assumait alors qu’il ne savait rien, rien du tout!

J’avais tenu ma promesse, même si elle me fendait le cœur. Je ravalai le sanglot qui menaçait de sortir de ma gorge. Je me devais de rester forte.
Je ne devais pas montrer ma faiblesse devant cet homme où il l’utiliserait contre moi. J’avais malheureusement retenue ce trait de caractère de ma mère. Être élevée dans un milieu constitué principalement d’homme l’avait rendue plus forte, selon-elle. Plus têtue et plus fière aussi.

Il daigna enfin me regarder, alors que je lui jetais un regard méprisant pour me redonner contenance.

« Comment il peut aimer quelqu’un comme vous ? On nous a apprit à vous détester, toute notre famille est morte à cause de vous. C’est dans mon sang et dans celui de Warin, notre famille, notre Ordre est de vous détruire jusqu’au dernier. C’est notre malédiction…»

Il relâcha sa poigne et l’expression de son visage s’adoucit soudainement, comme s’il était un autre homme.

« Pardonnez-moi, Dame Eyrah. Assoyiez-vous, vous êtes plus pâle que la neige. »

Comment pouvait-il passer d’une émotion à l’autre aussi facilement? J’avais toujours l’envie de lui mettre une gifle et de faire tomber ses suppositions mal placés sur ma Famille et sur moi. La vague de colère s’estompa soudainement, remplacer par la faiblesse qui avait décidée de revenir en force. Le brûlement de ma gorge se fit plus intense, comme si j’avais avalé des charbons ardents, et je fermai les yeux, tout en le laissant m’aider à prendre place sur le bord du lit.

Du coin de l’œil, je pu voir son corps tanguer légèrement sous l’effet de l’alcool et je me surpris à prier pour qu’il ne s’effondre pas dans mes appartements. Je sentis son regard fixé sur moi et je lui rendis la pareille, ignorant ce qu’il comptait faire. Il releva soudainement sa manche gauche, la peau blanche parcourue de cicatrice. En un éclair, je compris ce qu’il voulait faire. Je voulais refuser de prendre son sang, mais mon instinct était plus fort que ma raison.

« Malheureusement, vous êtes aussi maudite. Vous êtes obligée à vivre pour l’éternité et voir le monde s’effondrer. Pour aujourd’hui, uniquement pour cette fois-ci, mordez moi et prenez mon sang souillé. »

Ma mâchoire se crispa. Je sentis mes crocs poindre sur mes lèvres, mais je tentais de me retenir. Le mordre, comme il le demandait, serait de lui donner raison sur ma nature monstrueuse.

Non, je savais déjà ce que j’étais et rien de ce que je ne pourrais faire y remédierait. J’étais née vampire et je mourrais vampire.

Je pris son bras entre mes mains qui paraissaient si frêles comparés aux siennes et à la musculature que je pouvais devinée sous la peau.

J’approchais lentement ma bouche, alors que mes crocs couleur perle tranchaient avec mes lèvres déjà vermeilles. Je sentais la salive s’accumuler dans ma bouche, alors que l’anticipation l’asséchait. Comme si mes papilles se demandaient quel goût aurait ce sang nouveau.

Mes lèvres frôlèrent le derme que mes canines transpercèrent aisément. La première goutte de sang explosa sur ma langue, comme un fruit mûr. Je fermais les yeux, oubliant momentanément ce qui se trouvait autour de moi. Mes crocs ressortirent de la plaie qu’ils avaient causée, alors que je continuais de boire le liquide chaud qui s’écoulait de cette dernière.

Il appartenait indéniablement à un homme, le goût étant plus fort et musquée que celui, plus délicat des femmes. Il était tout de même sucré, mais aussi, légèrement acidulé.

Je reprenais à peine mon souffle, alors que chaque gorgée apaisait la douleur de ma gorge et de mon ventre. Alors que le sang continuait de couler doucement, ayant pris soin de ne pas endommagé un vaisseau important, je sentis le tremblement de mes jambes cesser et le reste de mon corps se calmer. Un gémissement de satisfaction franchit bien involontairement mes lèvres et je sentis mes joues s’empourprées.

Je relâchai ma prise sur son bras que j’éloignai, regrettant presque de ne pas avoir su me retenir. Je n’étais pas repue, je savais qu’il me faudrait un corps entier pour cela, mais je ne pouvais tout simplement le vider de son sang.

Je me penchais pour déchirer à nouveau un morceau mon jupon, ce dernier tâché de sang n’étant déjà plus bon que pour le feu. J’enroulais soigneusement la bande d’étoffe autour de la morsure, serrant un peu plus fort que prévu pour empêcher le sang de continuer à s’écouler. Mes gestes étaient presque mécanique, l’ayant fait des centaines de fois auparavant, mais toujours sous le sourire de mon amie, alors que je tentais de me faire pardonner.

Je détournai légèrement mon corps pour éviter de lui faire face, ses paroles précédentes tambourinant encore dans mon esprit.

Je répondis, d’une voix tremblante :

«Vous m’avez demandé de ne pas invoquez certaines personnes devant vous. Je vous prierais de faire de même… Augustine était tout pour moi et… C’est elle qui m’a demandé de…»

Les mots ne voulaient pas sortir de ma bouche. Je savais que je m’effondrerais devant lui si j’osai le dire. Je terminai tout de même :

«Elle craignait trop ce que vous auriez pu lui faire subir…»

Ma main se porta bien involontairement à ma nuque, alors que la cicatrice du fer semblait encore brûler sous mes doigts. N’y pouvais plus, je me levai d’un bond, comme si je m’étais assise sur des aiguilles. Mes mains tremblaient de nouveau de rage, tout en serrant fermement mes jupes.

J’en avais assez. Assez de me faire traiter de monstre. Assez qu’on insinue des choses sur moi. Assez qu’on médise sur les gens que j’avais aimé.

Je me retournai vivement dans sa direction pour le fixer de mes yeux si étranges, presque maudit, le corps légèrement penché vers l’avant, une main fixé sur mon cœur battant, comme si cela l’empêcherait de sortir de ma poitrine. Des larmes brûlantes roulaient sur mes joues sans que je ne les en empêches.

Je m’écriai presque :

«Vous croyez vraiment que je suis sans cœur? Bien entendu que je m’en veux! Vivre tout en étant rongée par la culpabilité est mon fardeau… Et je l’ai accepté.»

Je repris mon souffle et continuai, d’une voix amère :

«Je ne peux m’empêcher de voir le visage des villageois, pleurant leurs disparus, alors même qu’ils nous remerciaient d’avoir abrégé leurs souffrances. À chaque fois que je ferme les yeux, je suis hantée par ceux que j’ai conduits vers la mort. Malgré le fait qu’ils l’accueillaient, je n’ai jamais pu être totalement en paix avec moi-même. C’est justement ce ressentiment qui à conduit mon père à instaurer les règles de notre Famille…»

Je m’arrêtai. De ce que j’avais fini par comprendre de lui, il n’était pas réellement quelqu’un qu’on pouvait résonner une fois qu’il avait une idée de fixée. Je détournai légèrement les yeux :

«Je dois faire avec. Si je suis née ici, c’est que Dieu ou peu importe qui décide de mon existe, en a voulu ainsi.»

Je me remis à le fixer, croisant mes bras autour de mon ventre, une vilaine manie que j’avais acquise lorsque je me sentais verbalement menacée.

«Mais je pourrais parier que même en seulement dix-sept ans d’existence, j’ai tuée moins de gens que vous…»

Je me retournai et marchai quelques pas en direction de la fenêtre pour regarder la cour, le rayon de soleil rendant mes cheveux encore plus flamboyant, presque illuminés de l’intérieur. Je croisais à nouveau les bras sur ma poitrine, ma pudeur reprenant soudainement ses droits. Je n’étais après tout qu’en simple corset, couvert de sang qui plus est. Je me sentais beaucoup mieux après voir étanché ma soif. Le goût de son sang continuait de hanter mes lèvres, alors que je les léchais discrètement. Je sentais l’énergie parcourir chaque cellule de mon corps, comme si la foudre m’était tombée dessus.

J’aperçu la carafe quasiment vide qui trônait sur la table basse en bois précieux. Je ferais en sorte que quelqu’un lui rapporte le restant du vin qui diffusait encore son parfum enivrant dans toute la pièce. Maintenant que je me sentais mieux, je pourrais peut-être goûter à ce qui restait dans ma coupe et vérifier par moi-même s’il était aussi délicieux qu’on le prétendait.

«Sortez, je vous en prie, pendant que votre état vous le permet encore…»

Spoiler:

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Lysandre Le Pieux

Lysandre Le Pieux

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MessageSujet: Re: L'endroit le plus sombre se trouve sous la bougie [Pv : Eyrah Du Val]   L'endroit le plus sombre se trouve sous la bougie [Pv : Eyrah Du Val] - Page 2 I_icon_minitimeDim 1 Avr - 20:42

Le contact des doigts sur son poignet le fit douter, il regarda d’un air rempli de doute la bouche pulpeuse se poser sur sa peau et les crocs se plantèrent dans sa chair comme deux petits poignards. Lysandre avait appréhendé la douleur, il en avait certes l’habitude mais il ne sentit quasiment rien, un picotement au début qui disparus lentement, surement dut à la quantité d’alcool qui l’avait ingurgité.

Lysandre se sentit rougir et fixa la fenêtre, observant du coin de l’œil des servants occupés dehors à sortir l’eau du puits. Il se sentit bête, idiot d’avoir proposé son bras. Il y avait du sang à volonté pour la vampire, il n’aurait jamais du donner le sien. Pourtant, il se sentait ni en colère ni triste. Ses pensées était uniquement sur Eyrah, il lui avait dit beaucoup trop de chose cruelle même si elle était son ennemi naturel.

Le gémissement de la jeune fille le fit sursauter et il baissa les yeux en fixant les joues cramoisies.

« Vous m’avez demandé de ne pas invoquez certaines personnes devant vous. Je vous prierais de faire de même… Augustine était tout pour moi et… C’est elle qui m’a demandé de…»

La bouche sèche de Lysandre refusa de s’ouvrir et il continua à fixer Eyrah.

«Elle craignait trop ce que vous auriez pu lui faire subir…»

Il comprit alors quelque chose. Aux yeux de la Flamme, les vampires étaient des monstres. Mais dans le camp des non-morts, c’était le contraire. C’était l’Archevêque le monstre, lui.
Il voulut faire un geste, maladroit certes mais exprimer… Exprimer quoi ? Il voulait faire quoi ? Être gentil envers elle ? Pourquoi ?

Alors qu’il avait tendit sa main blessé, Eyrah se releva et il se raidit. Essayant de cacher sa surprise. Il déglutit péniblement, la bouche encore plus sèche que le plus chaud des étés.

«Vous croyez vraiment que je suis sans cœur ? Bien entendu que je m’en veux ! Vivre tout en étant rongée par la culpabilité est mon fardeau… Et je l’ai accepté. Je ne peux m’empêcher de voir le visage des villageois, pleurant leurs disparus, alors même qu’ils nous remerciaient d’avoir abrégé leurs souffrances. À chaque fois que je ferme les yeux, je suis hantée par ceux que j’ai conduits vers la mort. Malgré le fait qu’ils l’accueillaient, je n’ai jamais pu être totalement en paix avec moi-même. C’est justement ce ressentiment qui à conduit mon père à instaurer les règles de notre Famille…»

Elle s’arrêta pour prendre son souffle et il se rappela de prendre le sien aussi. Lysandre essayait d’assimiler tout ce qu’il avait entendu. Si la jeune fille avait prit la peine de regarder son visage, elle aurait certainement vu de la honte et une forme de tristesse dans les deux yeux verts.

« Je dois faire avec. Si je suis née ici, c’est que Dieu ou peu importe qui décide de mon existence, en a voulu ainsi.»

Ses yeux verts analysèrent chaque mouvement du vampire, ne bougeant pas d’un seul centimètre.

«Mais je pourrais parier que même en seulement dix-sept ans d’existence, j’ai tuée moins de gens que vous…»

Elle s’éloigna de lui et lui avait reprit son faciès sérieux, de marbre, l’alcool étant définitivement partit de son crâne, il était redevenu maitre de lui-même. Il se trouva même plus lucide que d’habitude.

«Sortez, je vous en prie, pendant que votre état vous le permet encore…»

Il ne se fit pas attendre, tournant les talons d’un geste mécanique. Ses pieds allèrent plus vite qu’il ne l’aurait voulu vers la porte. Il posa sa main gauche sur la poignée et la tourna d’un geste rapide. Il ouvrit a bouche et tourna son visage, s’apprêtant à dire quelque chose mais se retint en enlevant son regard de la femme. Sortant de la pièce silencieusement.

Lysandre traversa le couloir, faisant signe aux soldats de reprendre leur place. Il marcha rapidement vers sa propre chambre et l’ouvrit avant de la refermer, s’appuyant contre le bois. Se laissant glisser vers le sol, se retrouvant seul dans une pièce trop silencieuse.

Un mois plus tard :

Lysandre descendit de sa jument alors que les trombes d’eau se déchainaient sur lui, derrière lui cinq soldats firent de même. Une fois ses pieds à terre, il ne put s’empêcher de gémir de douleur en se tenant le torse, tirant les rennes de Beatrice pour la mettre lui-même dans la grange malgré les demandes des serviteurs venus à sa rencontre. Une fois dans ce lieu, à l’abri, Lysandre laissa le palefrenier s’occuper de sa jument et il se dirigea alors paresseusement vers l’intérieur du manoir.

Avant même qu’il est pu ouvrir les portes, celle-ci glissèrent vers l’intérieur, Charles le majordome le regardait avec son air satisfait, lui faisant une révérence très poli alors que le plus jeune entrait en attrapant une serviette qu’un serviteur lui tendait. Se demandant si son majordome avait un quelconque don de voyance lui aussi.

« Votre Grâce, je suis heureux de vous revoir. Votre bain sera prêt dans une heure.
- Je n’avais même pas précisé quand je serais là…
- Un majordome se doit d’être au courant du retour de son maître.
- Tu m’épates.
- Merci Votre Grâce. »

Le sourire que se partagèrent les deux hommes fut sincère et Lysandre suivit les épaules légères son dévoué serviteur qui lui donna des nouvelles du manoir.

« Votre départ il y a un mois était un peu précipité si je puis me permettre.
- La Flamme éternelle n’attend pas, Charles.
- Certainement, mais la prochaine fois. Ne partez pas en pleine nuit… Surtout si c’est pour revenir blessé…
- Ce n’est qu’une égratignure.»

La main droite de Lysandre n’avait pas quitté son torse, une vilaine plaie étant venue séjournée pour quelques temps et qui serait surement suivit par une cicatrice d’une vingtaine de centimètres.

« Vous avez besoin d’un docteur ?
- Non, on s’est assez occupé de moi à la Capitale… » Lysandre ne précisa pas que c’était son père qui avait fait venir les meilleurs médecins des envions pour soigner la blessure causé par un coup de dague.

Il n’écouta que d’une demi-oreille les nouvelles, se rappelant de sa dernière journée ici, la discussion plus que tendue et alcoolisée avec Eyrah, la morsure et… sa fuite.

« Et donc, vous êtes d’accord ?
- Oui, oui… »

Car Lysandre avait fui, l’homme d’une trentaine d’année maintenant qui n’avait pas peur de combattre des vampires avait fuit une gamine. Il était parti la nuit même, presque sans prévenir vers la capitale et avait demandé à son père de faire un conseil avec les autres archidiacres, puis il avait sauté sur l'occasion d'une bataille, n'importe fut-elle. Celui-ci avait eu l’air de s’amuser en voyant l’air visiblement troublé de son fils. Lysandre avait gagné la bataille il y a quatre jours, ne laissant aucun survivant dans le groupe ennemi mais il avait eu la blessure à son torse comme trophée. Il avait du sang sur les mains, encore plus qu’avant désormais et ce sang ne voulait pas partir qu’importe le nombre de fois qu’il se lavait.

Lysandre ne regardait désormais plus devant lui et se prit le dos de son majordome en grognant.

« Damnation, Charles !
- Votre Grâce ne m’écoute pas.
- Si, évidemment… Tu parlais du bal de demain…
- Oui, vous avez donc entendu le fait que Monsieur de l’Aiguille est revenu la semaine dernière pour apporter la tenue à Dame Eyrah et faire les retouches. »
- Et ?
- Vous verrez par vous-mêmes… »

Charles ouvrit la porte de la bibliothèque et Lysandre regarda par-dessus l’épaule du vieil homme. Il fixa alors avec des yeux ronds le grand espace qui avait été fait dans la salle, tous les livres, tables et affaires de l’homme avait été poussés contre les bibliothèques afin de faire le plus d’espaces. Donnant un résultat certes rangée mais pas au goût de Lysandre qui tenait à ce que personne ne touche la pièce sauf lui. L’homme ayant une certaine façon de ranger ses livres (surtout en ne les rangeant pas). Lysandre entra dans la salle et ne put s’empêcher de sentir l’énervement froncer ses sourcils.

« Pourquoi avoir dérangée la seule pièce que j’apprécie dans cette demeure ?
- Pour entrainer Dame Eyrah, Votre Grâce…
- Entrainer ? Mais à quoi voulez-vous…. »

Lysandre se tourna vers les sièges près de la cheminée, cachée derrières des piles de livre, Marie la servante fit une révérence maladroite et à côté d’elle se trouvait Eyrah dans une robe rouge aux décorations en or.

Lysandre fixa la jeune fille dont il savait désormais son âge et se tourna d’un air sec vers le majordome.

« Il y a malentendu.
- Vous avez dit oui pour laisser Dame Eyrah venir avec vous, Votre Grâce.
- Je n’ai jamais… »

Lysandre se massa le front d’un air las, dans ses vêtements de guerre trempée, une serviette autour des épaules et les cheveux détachés et bouclant à cause de l’eau. Il tira une chaise et se laissa tomber dessus en fixant le majordome d’un air tiré. Sentant ses muscles se contracter sous la douleur quand il se posa contre le dossier.

« Vous et Marie sortez… Je veux m’entretenir avec Dame Eyrah.
- Bien Votre Grâce. »

Le majordome ouvrit la porte et laissa la jeune servante passer avant de fermer derrière lui. Lysandre tourna alors son regard vers la dernière personne dans la pièce, il semblait à cet instant en proie à une hésitation immense, une peur de parler irrationnelle.

« Vous pensez que c’est une bonne idée de venir à un bal ? »

Il fixa l’âtre de la cheminée d’où brulaient quelques buches, la chaleur était rassurante et reposante.

« Avec moi qui plus est… »

Il voulut rajouter quelque chose mais ce retint, attrapant les accoudoirs de la chaise et les serrant fortement de ses doigts. Sa tête retomba en arrière, contre le dossier et il ferma les yeux, ravalant sa fierté.

« Je suis désolé pour la dernière fois, je pense ne plus boire d’hydromel avant longtemps… Du moins en votre compagnie. »

Il se demandait actuellement s’il allait recevoir une réponse ou si elle ne lui pardonnerait pas. Mais à quoi pensait-il ? En quoi le pardon de sa vampire serait important, c’était lui le maître désormais ! Il n’avait pas besoin de son avis !

« Vous devriez aller préparer vos affaires si vous êtes toujours d’accord. Nous partons demain matin ! »
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Eyrah Du Val

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MessageSujet: Re: L'endroit le plus sombre se trouve sous la bougie [Pv : Eyrah Du Val]   L'endroit le plus sombre se trouve sous la bougie [Pv : Eyrah Du Val] - Page 2 I_icon_minitimeMer 17 Juin - 4:08

Le regard toujours perdue dans le vide, observant la verdoyante canopée entourant le manoir, elle entendit les pas du chevalier s’éloigner et le battant se refermer. Aucun autre mot n’avait été échangé entre temps, la jeune vampire ne sachant quoi répliquer. Il n’y avait, de toute façon, strictement rien à rajouter de plus.

Eyrah referma les lourdes teintures de velours d’un coup sec, plongeant la pièce dans une pénombre feutré. Elle attrapa sa coupe posée un peu plus loin et la vida d’un trait, la rage lui tenaillant le ventre. L’envie de balancer quelques choses en travers de la pièce et de le voir se briser en mille morceaux, lui empoigna l’esprit et le cœur, la nette impression d’avoir perdue lui faisant perdre les derniers filaments de civilité qui lui restaient.

Tentant de se changer les idées, la jeune femme se focalisa plutôt sur ses vêtements maculés de sang, autant le sien que celui de l’Archidiacre. Elle délaça, difficilement d’ailleurs, son corsage et l’envoya balader à l’autre bout de la pièce, en compagnie de ses deux jupons, se disant que quelqu’un les ramassera à un autre moment. Souhaitant ardemment être seule pour le moment, sa chevelure carmine dévalant ses épaules de façon négligé et en simple chemise de lin, elle se jetait sur le lit en poussant un intense soupir dans ses oreillers, tentant d’évacuer le surplus d’émotions. Une vague d’épuisement la parcourue, alors que ses yeux lourds de fatigue se refermèrent doucement, conduisant les iris bleutés vers un sommeil sans songes.

Un faible rayon de lune, passant la mince ouverture entre les teintures, illuminait son visage endormi, donnant à sa peau une lueur quasi translucide, presque comme scintillante de l’intérieur. Eyrah se réveilla en sursaut, tendue comme un arc, analysant les alentours d’un air confus. Ses vêtements tachés avaient disparus et l’hypocras, au parfum entêtant, avait été remplacé par une carafe d’eau fraiche.

Elle sortit du lit difficilement, le corps toujours à moitié dans les bras d’Orphée. Ouvrant les épais rideaux, elle laissa son regard parcourir la cour et fut soudainement attiré par une silhouette jugée sur un cheval à la pâleur fantomatique. Aucun doute quant à l’identité du cavalier, partant au galop sur la route de terre. Cet animal étant un vrai démon, il n’y avait qu’une seule personne capable de le monter sans se faire renverser…

Quelques jours passèrent sans que rien de bien intéressant ne se produise au manoir. Le temps morne et gris n’invitait pas à se rendre à l’extérieur et les serviteurs devant sortir dans l’enceinte se dépêchaient à effectuer leurs tâches pour ne pas être surpris par les pluies soudaines et froides de l’automne. La rumeur quant à la soudaine disparition du maitre courait entre les soldats et les autres membres du château, sans pour autant qu’un seul n’ait la véritable raison.

Au matin de la quatrième journée, Charles vient quérir la dame à la chevelure de feu, lui informant qu’on lui avait demandé de lui enseigner les dernières danses à la mode. Les services de Marie n’étant pas requis pour le moment, le majordome lui demanda d’aller prêter main forte en cuisine.

Ils traversèrent la demeure, les gardes personnels de la jeune femme sur les talons, se dirigeant vers la plus grande des salles, destinés normalement aux réceptions en tout genre. La lourde porte en bois s’ouvrit, dévoilant un bien étrange spectacle.

La dite salle de réception, avait été transformé en armurerie provisoire. Des soldats, l’armure à moitié mise, s’entrainaient férocement, leurs cris se mêlant aux chocs des armes. Ils cessèrent tout mouvement lorsqu’ils se rendirent compte de la présence du majordome et de la demoiselle, certains s’inclinant maladroitement, toujours malaisé de présenter des politesses à un être qu’ils avaient été entrainés à tuer.

Le chef de bataillon s’approcha de Charles, s’excusant au passage de l’utilisation de la salle, celle normalement utilisé par ses hommes ayant été inondé durant les dernières pluie, le sol en terre battue étant devenu un véritable marécage.

Ne prêtant guère intérêt à la conversation entre les deux hommes, Eyrah se dirigea plutôt en direction du râtelier en bois où étaient alignés bon nombre d’épées, scintillantes sous les flammes des torches, la faible lumière grisâtre du matin n’aidant en rien à illuminer la pièce. Son regard bleuté fut attiré par une fine lame à la garde ouvragé, une rapière provenant probablement d’Italie. Son père lui avait parlé de cette épée d’estoc, mais le maniement n’était pas encore très connu en France.
L’un des jeunes soldats s’approcha presque timidement de la jeune femme et dit, voyant son intérêt pour l’arme :

«C’est une jolie épée, n’est-ce pas? Mais elle ne vaut pas grand-chose, pratiquement un jouet face à une bonne vieille double lame…»

Eyrah darda son regard sur le jeune homme et répondit, un léger sourire aparaissant sur ses lèvres :

«Pas quand on sait s’en servir.»

Un rire général s’empara des hommes à porter de voix. La dame n’haussa qu’un sourcil, légèrement surprise de leurs réactions. L’un d’eux osa même dire que les femmes ne connaissaient rien à l’art de se battre, de toute façon.

Eyrah s’empara de l’épée, la faisant habilement tournoyer dans sa main, avant de fendre l’air en sifflant. Elle pointa la pointe, heureusement non affilé, en direction du soldat, le corps de côté et le bras gauche légèrement en l’air. Elle rétorqua :

«Oseriez-vous redire ces mots devant une chasseresse de votre Flamme Éternelle?»

Quelques hommes rigolèrent en disant que si leurs sœurs ou leurs cousines l’entendaient dire de telles paroles, elles n’hésiteraient pas à le dépecer vivant.

Aussi ironique que cela puisse paraitre, la jeune vampire avait bel et bien été entrainé comme sa mère l’avait été avant elle, cette dernière prétextant vouloir inculquer l’art de se défendre à sa fille. Certes, la rouquine était loin d’être habile avec une arbalète, mais elle savait si faire avec les lames, que ce soit couteau ou épée. Son père lui avait fièrement transmis ses vastes connaissances en la matière.

De stature plutôt frêle, il lui avait enseigné la maitrise de la vitesse et la souplesse pour l’esquive, plutôt que les coups de force. Bouger sans arrêt, esquiver habilement, jusqu’à ce que la cible, plus forte et plus grosse que toi, s’épuise.

S’enorgueillant devant l’aspect de son prétendu adversaire, le garde sortit sa double lame de son fourreau, tout en fixant la dame du regard. Leurs échanges avaient immanquablement attiré l’attention de Charles qui fit mine de s’interposer, promptement arrêté par le chef de bataillon.

«Attendons de voir ce qu’elle vaut. Elle va peut-être enfin donner une bonne leçon à ces gringalets bornés, on sait jamais…»

Le cercle de spectateurs s’agrandit pour laisser place aux deux adversaires. Eyrah salua, faisant de nouveau siffler la lame fine, et n’eut qu’un claquement de langue comme réponse.  La jeune femme laissa le soldat venir à elle en premier et il ne se fit pas prier, tentant d’enchainer ses coups avec force, mais son arme, devant être prise à deux mains, laissant beaucoup d’ouvertures. Préférant faire durer le jeu, son sourire toujours rivés sur ses lèvres rougeâtres, la vampire évita tous les coups, tournoyant sur elle-même, sa longue tresse comme une trainée de feu dans son dos, tout en maintenant toujours sa position de base.

Elle n’était pas stupide et connaissant son niveau. Contre quelqu’un de plus habile, elle se ferait rapidement prendre à son propre jeu. Mais le soldat n’étant pas un maitre escrimeur, elle pouvait aisément se permettre quelques parades.

Le souffle court et les joues rouges du soldat lui indiquèrent qu’il était temps de mettre fin à son petit manège et elle prit soudainement l’avantage, enchainant les coups d’estoc, le métal de la rapière chantant presque lorsqu’il percutait celui de l’épée longue. Un coup sec sur la main du soldat lui fit perdre prise sur la poigne de son épée, cette dernière percutant le sol de pierre, l’écho se répercutant longuement dans le silence soudain de la pièce.

Eyrah pointa la petite lame direction sous la gorge du soldat, avant de reculer et de s’incliner à nouveau, alors qu’un tonnerre d’applaudissement et de quolibets fusèrent en direction du perdant. S’en suivirent les questions sur où elle avait appris une telle forme d’escrime, les italiens gardant presque jalousement le maniement de la rapière pour eux seul. Un peu étourdie par leurs flots de paroles et le soudain respect qu’elle percevait maintenant dans leurs yeux, la dame sembla se recroqueviller sur elle-même, les joues rosit par la gêne. Même le perdant ne semblait pas lui en tenir rigueur, se frottant la main en souriant et riant des blagues de ses compères.

«Dégagez bande de guignols! Vous voyez bien que vous mettez la Dame mal à l’aise. Retournez tous à l’entrainement!»

La voix forte du chef de bataillon résonna dans la pièce et personne ne se fit prier pour lui obéir. Grand, dépassant facilement tout le monde d’une bonne tête, portant fièrement une barbe fourni d’un brun sombre, il avait tout du soldat intimidant, mais ses yeux, noirs de jais étaient étrangement doux.

«Vous avez sacré une foutu raclée à Roland, ma Dame. Une leçon que personne ne va oublier de sitôt!»

Eyrah fixa l’homme de ses yeux étranges, mais celui-ci ne laissa paraitre aucun signe d’embarras. Profitant du fait qu’elle reposait l’arme sur le râtelier, elle détourna les yeux et murmura :

«Je suis désolée si je vous ai causé un quelconque embarras, sire.»

L’homme s’esclaffa.

«Je suis loin d’être un Chevalier, ma Dame. Je ne suis qu’un simple dirigeant de bataillon. Je n’ai même aucun grade! Appelé moi simplement Gontrand. Vous avez un réel talent, mademoiselle. Votre jeu de pied mériterait un peu d’entrainement, mais cela serait du gâchis que de ne pas continuer votre formation. »

Une exclamation parcourue les soldats qui écoutaient tous la conversation d’une oreille attentives. Certains souhaitant glaner quelques nouveaux tours d’escrime, alors que d’autres souhaitant simplement avoir une jolie dame pour compagnie.

Gontrand se retourna en direction de ses hommes, leur intimant de retourner travailler ou qu’il les priverait de bière pour le restant de la semaine. Ne se faisant pas prier, le bruit du métal s’entrechoquant reprit de plus belle.

«Je ne voudrais pas déranger»
, répondit la jeune vampire, toujours aussi peu habitué à ce genre d’attention.

Il balaya ses inquiétudes du revers de la main et continua :

«Vous en faites déjà beaucoup pour ma fille, en lui apprenant à lire et à écrire, quelque chose que je n’avais jamais pu lui offrir auparavant. Alors vous prendre à l’entrainement n’est qu’une façon pour
moi de vous remercier.»

Il rajouta, devant l’air quelque peu interrogateur de la dame :

«Ma fille, Marie.»

Eyrah poussa un léger souffle d’exclamation, assurément que la jeune servante devait tenir de sa mère…

C’est sur ces paroles que le majordome interrompra leur conversation, indiquant à la jeune vampire qu’il avait trouvé un lieu acceptable, il sembla insister sur ce mot, pour son entrainement à la danse.
S’excusant auprès du géant, Eyrah emboita rapidement le pas à Charles qui l’entraina de nouveau vers les étages.

«Le hall est bien trop animé par tous les vas et vient, alors j’ai pensé à un lieu plus calme.»

Il souffla, presque inaudible :

«Le jeune maitre aura ma peau…»

Il ouvrit la porte de la bibliothèque et laissa la jeune femme y pénétrer en premier, faisant signe aux deux soldats qui les accompagnaient toujours de déplacer les meubles pour leur donner un peu plus d’espace.

Charles interrogea la dame sur son expérience, déplorant au passage que ses connaissances ai été à la mode une vingtaine d’années plus tôt. Eyrah s’excusa platement, ses leçons de danse ayant été provider par ses parents qui n’avaient pas réellement fréquentés de fêtes depuis longtemps.  
Un bref souvenir lui passa, elle plus petite apprenant à danser sur les pieds de son père, sous le rire cristallin de sa mère. Un autre temps, où tout était plus léger…

Les jours défilèrent rapidement, le majordome ayant fait venir des tuteurs directement de la capitale pour enseigner l’étiquette et les dernières danses à la mode à la jeune vampire. Au tout début, les deux professeurs, un homme et une femme, mariés très vraisemblablement, avaient semblé très peu enclin à enseigner à la dame, au vu de sa nature et apparence particulière, mais Eyrah se doutait que Charles leur avait glissé quelques piécettes supplémentaires. La femme s’était particulièrement offusquée un matin, lorsqu’elle avait retrouvé sa jeune élève, une épée à la main, en train de s’entrainer avec les soldats du manoir. Elle lui avait fait répéter en boucle ses leçons sur la bienséance féminine, tout en réprimandant son peu de talent à la broderie, le tout sous le regard presque amusée de Marie qui, sans l’avouer, profitait aussi de la présence de la dame pour apprendre quelques notions ici et là. Ils étaient repartis au bout de trois semaines, la jeune femme ayant bien avancé dans ses leçons de danse et prétextant un autre contrat ailleurs. Les gens de la maisonnée savaient qu’ils iraient répandre quelques rumeurs sur l’étrange dame aux cheveux rouge qui vivait dans le manoir de l’Archêveque.

Eyrah avait, par ailleurs, continué d’enseigner la lecture et l’écriture à Marie, le soir, lorsque la mégère les laissait enfin un peu seules. La jeune vampire profitant que la servante pratique ses lettres pour jouer doucement quelques mélodies sur sa harpe.

Un soir, alors que la pluie avait cessé pour quelques heures et que Marie s’était endormie sur le tapis, lové par la chaleur du feu qui brûlait dans l’âtre, chassant l’humidité de l’automne, Eyrah revêtit sa cape et  sortit de ses appartements, rapidement suivit par les deux gardes flaqué à sa porte. Elle se demanda bien quand les deux pauvres hommes se reposaient, puisqu’ils semblaient toujours être ceux présent à ses côtés. Elle avait appris qu’ils restaient environ une dizaine d’heures en fonction, n’étant relevé que tard dans la nuit, mais la jeune femme n’avait jamais réellement croisé les deux autres soldats occupant ce poste. Durant les semaines qui avaient passé, elle leur avait souvent fait livrer du vin ou de la bière, ainsi qu’un jeu de dé pour passer le temps lorsqu’elle ne sortait pas de la chambre. Ils semblaient d’autant plus joyeux de la suivre après leurs quelques interactions, plutôt content d’être au service d’une maitresse aussi conciliante.

L’air frais du soir lui fit le plus grand bien, se sentant étouffé par les feux de cheminés, maintenant allumés en permanence, ainsi que par la nouvelle tapisserie apposé sur les murs en briques de sa chambre, soi-disant pour chasser l’humidité et retenir la chaleur à l’intérieur de la demeure. Elle s’appuya contre les clôtures en bois délimitant le pâturage des chevaux, ces derniers n’ayant pas été encore rentrés pour la nuit. La plupart s’éloignèrent, les oreilles dans le cran et les yeux révulsés d’une terreur muette. Le petit gris pommelé que la jeune femme avait monté quelques temps plus tôt ne s’éloigna pas, il s’approcha plutôt au son qu’émis la dame qui lui flatta doucement l’encolure, à la plus grande surprise de ses gardes.

«Vous savez, lui indiqua le premier prénommé Clovis, nos chevaux sont entrainés à craindre et à attaquer les vampires. C’est plutôt surprenant d’en voir un se laisser caresser ainsi.»

Eyrah leur sourit et répondit, tout en sortant de sa cape une pomme que l’animal avait déjà probablement sentit :

«Les chevaux sont intelligents. Ils savent lorsque quelqu’un leur veut du mal… et ils sont facile à amadouer avec les bons outils…»
termina t’elle en agitant doucement le fruit qu’elle tendit au destrier.

Il ne se fit pas prier pour le prendre directement de sa main, tout en émettant un petit hennissement de bonheur. Il repartit après quelques minutes, comprenant bien que la demoiselle aux cheveux de feu n’avait plus rien d’intéressant de caché dans ses poches.

La vampire profita encore du vent frais et du scintillement des étoiles pendant une dizaine de minute, laissant son esprit vagabonder dans ses souvenirs. Sentant la peine l’envahir, elle préféra rentrer, congédiant ses gardes pour la nuit lors de son retour dans ses appartements. Marie avait disparu, remplacé par une carafe en argile. L’odeur qui s’en dégageait l’attira immanquablement et elle bût le sang frais avec une certaine avidité, la coupe en métal tintant légèrement contre ses canines.

Le lendemain, de l’Aiguille revint avec ses ouvrages terminés, ne cessant de dire à quel point sa jolie pivoine lui avait manqué, au plus grand dam de la dite demoiselle. Il lui avait rapporté une demi-douzaine de robes, avec leurs accessoires, et c’était à se demander par quelle sorcellerie il avait pu en faire autant en si peu de temps. La crépine bordée de perle attira involontairement l’œil  de la jeune femme, le maitre couturier prenant mentalement note de ses goûts pour les coiffes. Il ne retenu pas sa joie en voyant la jeune femme revêtu d’une de ses robes, inspiré de la dernière mode italienne. Il lui fit un clin d’œil quand elle découvrit, parmi la soie et le coton, un simple pantalon en cuir foncé, comme celui qu’elle avait pris l’habitude de porter lorsqu’elle s’entrainait avec sa défunte mère.

Sa visite fut brève, mais épuisante pour les gens présents. Eyrah pria silencieusement pour qu’il ne revienne pas de sitôt, surtout pour qu’il ne termine pas son histoire quelque peu salace sur Lysandre, histoire qu’elle n’avait pas vraiment eue envie d’entendre au prime abord. Charles lui avait bien fait comprendre que de tels propos n’avait pas lieu d’être en présence d’une dame et de la jeune servante, tout juste sortie de l’enfance avec ses treize ans.

Quelques jours plus tard, Eyrah eut une brève vision, ces dernières s’étant étrangement raréfier durant le dernier mois passé, n’ayant été que de brefs images ou paroles. Elle informa, le majordome du retour prochain de son maitre, sans que celui-ci ne semble surpris par les paroles de la dame. Était-il au courant pour son don? Elle ignorait jusqu’à quel point le serviteur était dans le secret et préféra donc taire ce léger détail.

Son retour fut marqué par un ciel déchainé, déversant toute l’eau qu’il avait retenu dans la dernière semaine, le vent s’engouffrant furieusement à l’intérieur lorsqu’on ouvrait la porte extérieure du manoir. Le temps était si mauvais qu’il était quasiment impossible d’apercevoir la cour depuis les meurtrières de la maison.

Eyrah attendit patiemment, un livre à la main, que les portes de la bibliothèque s’ouvrent sur les deux personnages, sa robe italienne en taffeta rouge et or scintillant doucement sous la lumière des chandelles. Le dernier venu sentant fortement le sang et la boue, à un point tel que la jeune vampire fronça le nez, incommoder par l’odeur de la blessure. Elle se réjouit d’avoir sustenté sa faim quelques jours auparavant, alors que sa gorge la tiraillait faiblement. Elle se savait en mesure de résister pour un certain temps encore.

« Pourquoi avoir dérangée la seule pièce que j’apprécie dans cette demeure ?

- Pour entrainer Dame Eyrah, Votre Grâce…

- Entrainer ? Mais à quoi voulez-vous…. »

Marie effectua une révérence timide, alors que la jeune dame à la chevelure de feu ne lui prêta guère plus d’attention, se concentrant sur les mots qu’elle lisait, tentant d’oublier l’odeur qui envahissait la pièce. Elle soutient rapidement son regard avec que ce dernier ne se détourne en direction du majordome

« Il y a malentendu.

- Vous avez dit oui pour laisser Dame Eyrah venir avec vous, Votre Grâce.

- Je n’ai jamais… »

Eyrah laissa la conversation entre maitre et serviteur se dérouler sans y prendre part, observant seulement le maitre de lieu qui affichait un air las, ses vêtements trempés dégoulinants en flaque sur le parquet en bois massif. Ses sens aux aguets, elle sut qu’il éprouvait une quelconque douleur lorsqu’il prit place au fauteuil.  

« Vous et Marie sortez… Je veux m’entretenir avec Dame Eyrah.

- Bien Votre Grâce. »

La jeune servante suivit le majordome hors de la pièce, tout en jetant un regard désolée à sa maitresse, n’ayant toujours pas oublié le gênant évènement du bain…

« Vous pensez que c’est une bonne idée de venir à un bal ? »

Eyrah haussa simplement un sourcil. Elle savait que ce n’était pertinemment pas une bonne idée, mais elle se doutait bien que certaines personnes influentes désiraient la voir présente. Pour l’humilier?
C’était fort probable. Elle savait, par contre, que sa vie n’était pas en danger immédiat, ses visions ayant déjà été prouvés véridiques. Elle n’était pas idiote. Elle connaissait sa valeur aux yeux de l’archêveque et celle-ci était plus élevé vivante que morte.

« Avec moi qui plus est… »

La dame voulut rajouter un quelconque commentaire, mais se retint. Ce n’était pas le moment de le remettre en colère, cela ne l’avait pas vraiment réussi la dernière fois…

« Je suis désolé pour la dernière fois, je pense ne plus boire d’hydromel avant longtemps… Du moins en votre compagnie. »

Elle réprima un hoquet de surprise. Venait-il vraiment de lui demander pardon? Elle arrivait à peine à en croire ses oreilles. Elle espérait aussi que ce genre d’évènement de ne reproduise plus, mais dans un endroit où les humains buvaient plus d’alcool que d’eau, était-ce vraiment bon d’espérer ce genre de chose? D’ailleurs, n’était-ce pas lui qui lui avait demandé de le mordre…

Il changea rapidement de sujet et continua :

« Vous devriez aller préparer vos affaires si vous êtes toujours d’accord. Nous partons demain matin ! »


Ce changement de ton soudain la laissa muette pendant quelques secondes. Elle s’inclina finalement, tout en répondant l’intuition qui lui avait empoigné l’esprit :

«Ce n’est certes pas une excellente idée… Mais vous comme moi savons que nous n’avons guère le choix. Certaines personnes nous désirent présents, il serait plutôt malpolis de leur faire faux bond…»

Sur ces mots, elle se redressa, le fixant quelques secondes du regard avant de se retourner dans un froissement d’étoffe et quitter la pièce. Elle se dirigea rapidement en direction de ses appartements, y trouvant sa jeune servante en plein préparatif pour le départ de demain.

«Je vous ai préparé une robe de voyage ma Dame» lui dit-elle lors de son entrée dans la chambre.

Elle pointa la robe en coton qu’elle avait déposé sur une chaise. Elle continua, tout en pointant les différentes robes de soirée qu’elle avait déposée sur le lit :

«Laquelle voulez-vous portez pour demain soir?»

Les gris et dorés se mélangeaient aux différentes teintes de bleus, de verts et de rouges. Eyrah pris entre ses mains une robe de damas bleu et l’a tendit à la servante. Légèrement moins extravagantes que certaines autres pièces, peut-être pourrait-elle passé plus aisément inaperçu. Quoiqu’avec la couleur de ses cheveux, c’était peine perdue. Le fait qu’elle allait être la seule vampire, dans un lieu remplie de chasseur la terrorisait, sans pour autant qu’elle n’ose l’avouer.

La soirée passa sans autre encombre, la jeune femme en profita pour relaxer longuement dans un bain tiède, chassant l’humidité de cette nuit d’automne. Après avoir passé quelques heures à jouer mollement de la harpe, sans pour autant trouver le sommeil et voyant Marie qui somnolait dans le fauteuil au coin du feu, elle se leva et enfila son pantalon de cuir par-dessus sa chemise de nuit. Elle attrapa l’ouvrage de broderie qui glissait de mains de sa servante et le déposa sur la petite table, ne pouvant s’empêcher de sourire.

Eyrah sortit doucement de la pièce, passant juste à côté du coffre en bois contenant ses habits de soirée et soupira. Cette soirée allait probablement lui demander beaucoup de patience…

Ses gardes de nuit semblèrent surpris de la voir sortir. La rouquine ne les connaissait que très peu, étant plus habitué à Clovis et Jules. Ils la suivirent jusqu’à la salle d’arme, complètement vide à cette heure, restant à l’extérieur, mais laissant la porte entre ouverte pour garder un œil sur les agissements de la vampire.

Elle s’entraina avec sa rapière pendant quelques heures, sa chemise de nuit collait à son corps svelte, une unique goutte de sueur longeant son cou, ses cheveux relevés laissant à découvert la marque au fer rouge qu’on lui avait apposé. Elle plissa les yeux, surpris par les premiers rayons de l’aube qui commençait à poindre au travers des vitraux.

Pendant un certain temps, au beau milieu de la nuit, elle s’était senti étrangement observé, mais elle n’avait pas osé briser sa concentration en jetant un coup d’œil ver la porte. Elle n’avait donc aucune idée de celui ou celle qui avait bien pu l’espionner.

Elle retourna à ses appartements et fut rejoint par ses gardes habituels qui semblèrent plutôt surpris de ne pas la voir dans sa chambre à cette heure. Eyrah réveilla Marie qui l’aida à faire un brin de toilette et se changea rapidement dans sa tenue de voyage, une robe de lainage grise et une cape d’un bleu sombre, ses cheveux relevés en une couronne de tresses. Les deux jeunes femmes descendirent en direction du hall, suivit de près par des serviteurs portant les coffres contenant leurs habits de soirée. La pluie avait finalement cessé après le déluge de la veille et ils déposèrent leurs fardeaux sur le carrosse en prenant bien garde d’éviter les immenses flaques d’eau présente dans la cour.

Eyrah plissa des yeux et tira un peu plus sur la capuche de sa cape, tentant de faire de l’ombre à ses yeux sensibles. Tentant de montrer un peu de bonne foi, et aussi pour faire la démonstration de ses cours de «bienséance» qu’elle avait suivi, la femme aux cheveux de feu s’inclina devant le maitre des lieux et lui murmura :

«Bon matin, mon seigneur. J’espère que vous avez passez une meilleure nuit que moi.»

Le sarcasme étant évident, elle se retourna avant d’entendre la réponse et  Charles l’aida à monter les quelques marches menant à l’intérieur du véhicule, suivit de près par Marie. La jeune vampire aurait honnêtement préférer monté à cheval pour le trajet, mais sa jeune servante ne savait pas monter. Par ailleurs, il aurait été plutôt difficile de contrôler les chevaux des gardes qui les accompagnaient, tous n’étant pas aussi obéissant que Béatrice et auraient probablement tenter de fuir à l’approche de la vampire.

Ses dernières heures éveillés semblèrent lui peser après quelques temps et les ballotements du carrosse firent dérivés ses pensées, alors qu’elle fixait d’un regard vide le ciel bleu au nuage duveteux. Son don semblait paralyser depuis quelques jours, étant incapable de prédire ce qui arriverait durant cette soirée tant redouté et cela la remplissait de terreur.

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